SANANGA (Becchete)
VISION | VISUALISATION
Le Sananga – également appelé Becchete par le peuple Mastés – est une médecine traditionnelle de l’Amazonie élaborée à partir d’extraits de Tabernaemontana undulata, arbuste de la forêt tropicale de la famille des Apocynaceae. L’écorce de sa racine est d’abord broyée, macérée avec de l’eau de rivière, puis filtrée plusieurs fois pour finalement en extraire un liquide très actif. Sa composition chimique est bien connue, et contient une abondance d’alcaloïdes ayant des propriétés antimicrobiennes, antioxydantes, antipyrétiques, anti-inflammatoires ainsi que de puissants effets psychoactifs. Au niveau organique, le Sananga aiderait aussi au processus de guérison de glaucomes, de la cataracte, de l’astigmatisme, de la conjonctivite, de la myopie, de la perception de la profondeur et des couleurs, et améliorerait la vision de loin.
Les Matsés utilisent essentiellement le Sananga comme préparatif avant les sessions de chasses. Premièrement, la forte réaction promue par le Sananga a la capacité de favoriser une « bonne vue » pour reprendre les termes indigènes, qu’il faut entendre par « visualisation de la proie à chasser ou de la plante à récolter » en termes de lieu et de temps, assurant à coup sûr le succès de la sortie. Ensuite, pendant la chasse elle-même en aiguisant leur perception et augmentant leur concentration, permettant la détection des mouvements les plus subtils dans une jungle dense. Le Sananga boost également l’odorat, la vision nocturne, l’endurance. Plus généralement, cette médecine sacrée a la capacité de libérer l’esprit des énergies distractives et permettre une toute nouvelle façon de percevoir les choses – ce qui en fait une combinaison parfaite avec le Rapé et le Kambo. Traditionnellement, elle est également servie avant ou pendant les cérémonies d’Ayahuasca pour en augmenter les visualisations et les enseignements.
Le Sananga est principalement appliqué sous forme de collyre pour les yeux, la seule méthode que j’utilise. L’expérience peut être assez intense, avec une profonde sensation de brûlure les premières secondes. Cette douleur peut être soulagée en vous concentrant sur votre intention et en aidant cette énergie à circuler là où elle le souhaite. La douleur fait cependant partie intégrante du processus de soin. En l’acceptant sans résistance, en particulier par le contrôle de votre respiration, vous en atténuerez l’inconfort et le Sananga vous conduira alors vers une profonde relaxation et une certaine libération. D’une manière générale, la douleur permet la guérison. Sans elle, vous n’obtiendrez rien de tangible. Elle seule vous permettra de vous ancrer et de vous équilibrer. Il se peut que la prise de Sananga s’accompagne de vomissements et un besoin de selles, confirmant la libération d’énergies jusque-là bloquées. Les effets aigus se dissipent après 10-15 min, mais leurs actions subtiles dureront plusieurs jours.
Il est essentiel d'observer ce que nous réintroduisons dans notre système.
Tout comme le Rapé, le Sananga prépare et renforce le nettoyage en profondeur aux niveaux émotionnel et physique du Kambo, favorisant l’équilibre recherché. En outre, cette médecine offrira plus de place à votre intuition et vous fera sentir pleinement aligné(e) avec votre conscience. Je prépare régulièrement du Sananga frais et je l’applique généralement dans la phase finale de repos, une fois retirées les sécrétions de Kambo. Ce temps, il est essentiel de le consacrer à l’intégration afin que tous les bénéfices des médecines reçues ne soient pas dilués par les stimuli et l’inattention qui font notre quotidien, et le Sananga vous apportera toute sa clarté à ce moment-là.
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